Au cours d’un point presse, les associations Bayeux Bessin Demain et le CREPAN souhaitaient faire part de leur positionnement global concernant l’éolien. 

A l’heure de l’urgence climatique, pendant que nos dirigeants discutent de l’avenir de la planète à Glasgow, et que le Président de la République annonce son souhait de relancer le nucléaire, que voulons-nous dans nos territoires ?

* Oui nous soutenons le développement de cette énergie renouvelable. Mais ceci n’est pas un soutien inconditionnel, l’éolien a des avantages incontestables (pas d’émissions de GES ni de polluants atmosphériques, ne produit pas de déchets, indépendance énergétique…) mais aussi des inconvénients.

* L’ensemble des scénarios (RTE, Négawatt) montrent que nous ne pourrons pas nous en passer, aux côtés de la priorité absolue de l’efficacité énergétique à développer.

* L’éolien est créateur d’emplois dans nos territoires, les écologistes souvent présentés à tort comme hostiles à l’emploi soutiennent cette filière ! Rappelons que les usines de Cherbourg et du Havre notamment emploieront plusieurs centaines de salariés.

* Oui il y a des impacts, mais à relativiser et/ou à mettre en parallèle avec ceux des énergies fossiles et fissiles :

Quelques exemples, liste non exhaustive :

Oui les éoliennes modifient le paysage. Mais ce critère est très subjectif, quid des zones commerciales, des lignes THT, des autoroutes qui impactent le patrimoine paysager et ne suscitent aucune réaction des opposants aux éoliennes ?

Oui les éoliennes ont un impact sur les oiseaux (mortalité de 0,3 à 18,3 oiseaux par an et par éolienne selon LPO). Il ne faut pas implanter les parcs n’importe où (éviter les zones de protection spéciale directive Oiseaux, les zones boisées), pour cette raison le CREPAN avait co-attaqué au Tribunal Administratif un projet éolien défavorable aux chiroptères dans le Manche. Mais ce chiffre est à mettre en comparaison avec le nombre d’oiseaux tués lors de collisions avec les voitures, ou par la chasse.

Oui il est nécessaire d’utiliser de l’acier, du béton (0,7 % de la consommation annuelle !) pour développer l’éolien. Mais les éoliennes sont recyclables à 90 %, les normes sont de plus en plus exigeantes en la matière. L’exploitant doit provisionner une somme en vue du démantèlement en fin de vie de l’éolienne.

Il est nécessaire de faire un parallèle sur la relance du nucléaire, avec le risque d’une catastrophe, des déchets radioactifs mortels pendant des milliers d’années dont on ne sait pas quoi faire, et du coût (près de 20 milliards pour l’EPR de Flamanville !). Préférons-nous des installations nucléaires ou des éoliennes ? Ceci est à débattre avec nos concitoyens !

Il y a une nécessité d’associer plus en amont la population, de débattre en connaissance de cause avec des arguments fondés, et de transparence. Où en est la planification régionale de l’éolien conduite par le Préfet, une information de la population est-elle envisagée qui pourrait être l’occasion de présenter les avantages / inconvénients de l’éolien ?

Enfin, alors que le PCAET du Bessin prévoit 48 MW provenant de l’éolien, comment concrétiser cet objectif ? Les élus peuvent compter sur le soutien de Bayeux Bessin Demain et du CREPAN, en utilisant notamment l’éoloscope qui permet de juger de la performance et de la pertinence d’un projet.

éoliennes

Focus sur l'éolien en mer en Normandie

L’EOLIEN EN MER EN NORMANDIE

Aspects généraux

  • A ce jour une seule éolienne est implantée dans les eaux sous juridiction française ; elle est en test au large de Saint-Nazaire

  • Au large des côtes normandes, 3 parcs sont en projet ; ils ont été attribués par l’Etat à des opérateurs suite à des appels d’offre :

  • Celui dit de Courseulles en baie de Seine

  • Celui au large de Fécamp

  • Celui au large du Tréport

  • L’idée a été lancée il y a largement plus de 10 ans. Les projets ont tous fait l’objet d’une large concertation, d’études variées et de recours en justice aujourd’hui « purgés »

  • Alors que les travaux en mer n’ont pas débuté régionalement, un nouvel appel d’offre a été lancé et un 4ème parc devrait être implanté au large de Barfleur

  • Entre les premiers appels d’offre et aujourd’hui le prix de rachat de l’électricité éolienne a très fortement baissé avec des tailles d’éoliennes qui ont grandi (de 0,27 € le kwh, les derniers appels d’offres dans les pays du nord sont de quelques centimes); de fait le nombre de mats envisagé dans les parcs attribués sera réduit

  • Les très longs délais d’instruction des dossiers ont permis à l’Etat de renégocier à la baisse les tarifs de rachats ; ils semblent toutefois prendre en compte les engagements des promoteurs de faire construire en France les machines

  • De fait deux usines de construction ont vu le jour à Cherbourg et au Havre en créant des centaines d’emplois ; elles travaillent aujourd’hui pour l’export et prévoient de s’agrandir.

  • Les promoteurs doivent s’engager à démanteler les parcs au bout de 25 ans et donc à constituer les provisions financières nécessaires

  • Des travaux à terre sont en cours sur les réseaux (au nord de Caen notamment) et à Ouistreham qui accueillera la station de maintenance

Les opposants

  1. Il y a des associations de citoyens qui pointent la modification du paysage ; les mâts seront implantés à une dizaine de kms mais seront visibles de haut par beau temps

  1. Les pêcheurs

  • Dès le départ, les discussions ont permis en général de prendre en compte des demandes des pêcheurs et d’éviter les zones les plus fréquentées sauf au Tréport où les acteurs se sont donc braqués

  • Il a toujours été prévu que des activités de pêche pourraient se dérouler dans le parc (mais avec de fortes contraintes), avec des éoliennes implantées en ligne dans le sens des courants et des câbles enfouis ménageant des couloirs de pêche (éoliennes séparées de 900 m).

Certains arguments des pêcheurs apparaissent tout à fait recevables

  • Ceux relatifs à la sécurité de navigation

  • Ceux relatifs à la perte de surface travaillable et aux modifications des pratiques en évitant ces zones

  • Ceux relatifs au caractère forcément limité et contraint pour la pêche dans ces zones

Il conviendrait donc de négocier des compensations financières adaptées tant pour la phase travaux que celle d’exploitation même si cet exercice est très complexe si l’on veut prendre en compte les situations individuelles.

D’autres méritent d’être approfondies

  • Ceux relatifs à la perte de ressources ; certains biologistes travaillant pour les promoteurs à la faculté de Caen avancent au contraire des effets positifs possibles qui doivent être vérifiés :

  • effet « réserve » des zones non travaillées,

  • effet « surface » avec la colonisation par la vie marine des pieds de mâts et enrochements,

  • pour coquilles St Jacques et moules, le parc pourrait constituer une réserve pour la ponte

  • Ceux relatifs au bruit s’ajoutant à ceux d’origine humaine comme les moteurs de navire

  • Ceux relatifs aux ondes électromagnétiques même si les premières études semblent rassurantes

La phase travaux semble devoir être la plus impactante avec des exclusions totales, du bruit et de la turbidité.

Les inquiétudes actuelles des pêcheurs peuvent se comprendre alors qu’aucun retour d’expérience n’est possible dans des zones de pêche comparables à la Manche. Dans ce cadre, le lancement d’un nouvel appel d’offre a contribué à radicaliser les positions alors que d’autres menaces planent sur la pêche comme le Brexit ou le coût du carburant.

Pour Bayeux Bessin Demain, l’éolien en mer reste une solution à soutenir de par la disponibilité de cette énergie inépuisable, la baisse continue de ses coûts de production et son faible impact environnemental tout en prenant les précautions nécessaires pour limiter l’impact paysager et surtout accompagner le secteur économique régional dynamique que constitue la pêche maritime.

Catégories : énergies